Bibliothèque Nationale de France
Non loin de la Bibliothèque nationale de France, un hôtel bien placé
25 minutes à pied de l'hôtel
Anciennement bibliothèque du roi, avant d’être rebaptisée Bibliothèque nationale de France à la Révolution, c’est d’une longue histoire qu’est tributaire son fonds documentaire, l’un des plus importants au monde, désormais en grande partie entreposé dans les bâtiments inaugurés par François Mitterrand en 1995 sur le site de Tolbiac. En remontant les quais de Seine, la BnF n’est qu’à quelques encablures de notre hôtel Lyon-Bastille.
Bibliothèque nationale de France : le fruit d’une histoire
Cet établissement public, qui recèle le patrimoine documentaire national, est le fruit d’un long travail initié au Moyen ge par le roi Charles V et poursuivi depuis lors par les monarques, puis les représentants de la République et de l’Empire, en fonction des changements de régime, tout au long du XIXe siècle.
On retient ainsi la date de 1368 qui marque la première installation officielle de la bibliothèque du roi Charles V dans la Tour de la Fauconnerie du Louvre, et dont l’inventaire fut dressé par Gilles Mallet, premier libraire du roi. Cette bibliothèque royale comptait alors 917 manuscrits, ce qui paraît peu en comparaison des quelques 40 millions de documents que la BnF détient désormais, mais cela constituait déjà une belle bibliothèque (que l’on appelait alors librairie) à cette époque.
Pour la première fois, une bibliothèque était conçue de manière à pouvoir être transmise par le monarque à son successeur. Mais, tirant profit de la folie du roi Charles VI, ses oncles s’emparèrent de plusieurs belles pièces, avant que les Anglais ne confisquent le reste, le duc de Bedford notamment, l’un des fils d’Henri IV d’Angleterre et régent du royaume de France pour le compte de l’Angleterre, qui emporta la bibliothèque de 1220 livres avec lui de l’autre côté de la Manche. Une bibliothèque que ses successeurs dispersèrent à sa mort en 1435.
Il fallut tout recommencer, et ce n’est qu’à partir du règne de Louis XI, aux prémices de la Renaissance, que la bibliothèque du roi put enfin être constituée et transmise sans dispersion. Transférée à Amboise puis à Blois, elle ne sera rapatriée à Paris qu’en 1568 sous le règne de Charles IX. Entretemps, elle a été enrichie de manuscrits confisqués aux Visconti et aux Sforza à Milan, mais aussi d’une partie de la bibliothèque des rois d’Aragon pillée à Naples.
François Ier réunira ce fonds à celui de Fontainebleau et chargera Guillaume Budé d’instituer le dépôt légal en 1537.
Après bien des péripéties, notamment dues aux guerres de religion, c’est sous le règne de Louis XIV que la bibliothèque du roi connaîtra un nouvel essor avant d’être définitivement installée rue de Richelieu sous la régence, en 1720. L’essentiel du fonds n’en bougera plus jusqu’à ce que François Mitterrand décide en 1988 de lancer un projet pharaonique d’édification d’une nouvelle Bibliothèque nationale de France.
De la bibliothèque Richelieu à la bibliothèque François Mitterrand
C’est l'abbé Bignon, garde de la Bibliothèque du roi, qui obtient du Régent son installation rue de Richelieu, dans le palais Mazarin, lequel deviendra l’hôtel de Nevers. Organisée en cinq départements, elle prend alors l’allure qu’a depuis lors conservé le site Richelieu.
Au cours de la Révolution française, la Bibliothèque du roi ne connaît pas de dégradation mais prend simplement le nom de Bibliothèque nationale, avant d’être renommée Bibliothèque impériale sous Napoléon, puis Bibliothèque royale lors de la Restauration.
Si le dépôt légal est interrompu entre 1790 et 1793, la République profite de la confiscation des biens de l’Eglise pour enrichir la Bibliothèque nationale de fonds entiers en provenance d’abbayes, de collèges et d’universités supprimés, mais aussi de documents confisqués à la noblesse exilée, avant de s’étoffer encore de “prises de guerre” sous la Révolution puis l’Empire.
Au long du XIXe siècle, les bâtiments de la bibliothèque sont agrandis, notamment grâce au travail d’Henri Labrouste, mais bien que le fonds occupe désormais tout l’îlot dans lequel il a été installé et qu’une partie ait déjà été répartie entre d’autres sites parisiens situés à l’Arsenal ou à l’Opéra, en 1979 il faut envoyer une partie des documents en Avignon à la Maison Jean-Vilar.
C’est le 14 juillet 1988, sur les conseils de Jacques Attali, que le président de la République François Mitterrand annonce « la construction et l'aménagement de l'une ou de la plus grande et la plus moderne bibliothèque du monde… [qui] devra couvrir tous les champs de la connaissance, être à la disposition de tous, utiliser les technologies les plus modernes de transmission de données, pouvoir être consultée à distance et entrer en relation avec d'autres bibliothèques européennes ». Le projet de la Bibliothèque François Mitterrand est né.
Une bibliothèque moderne sur la rive gauche de la Seine
C’est dans le cadre des grands travaux de François Mitterrand que prend place la conception et la construction d’un nouveau bâtiment capable d’accueillir les quelques dizaines de millions de livres et documents que contient la BnF. Dans le nouveau quartier de Tolbiac, alors en pleine mutation, sera édifiée la nouvelle bibliothèque sous la férule de l’architecte Dominique Perrault.
Bien qu’elle ne fût pas accueillie sans critiques et polémiques, la nouvelle Bibliothèque nationale de France, livrée en 1995, sera ouverte au public le 20 décembre 1996. Entretemps, la majeure partie de la collection conservée rue de Richelieu y a été déménagée et installée dans les hauts bâtiments conçus en forme de livres. L’une des principales critiques qui furent adressées à ce projet architectural est le fait que les livres et les documents fragiles soient conservés en plein ciel derrière des parois de verre qui laissent passer une lumière qui ne leur est pas favorable, tandis que les salles de lecture se trouvent au sous-sol.
Par-delà l’idée magistrale de l’architecte Dominique Perrault, qui a su élever quatre bâtiments en forme de livres ouverts sur les quais de la Seine, et qui a mis à profit comme personne l’espace souterrain, se sont fait jour des problématiques pratiques. Dans ce dédale de bâtiments, il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver ni d’obtenir rapidement les documents demandés.
La France dispose malgré cela, depuis le milieu des années 1990, d’une des plus importantes bibliothèques au monde, dont une grande partie des textes sont disponibles en ligne, de même pour un certain nombre de documents sonores et audiovisuels.
Une mission de service public
La Bibliothèque nationale de France est un établissement public à caractère administratif sous tutelle du ministère de la Culture. Ses missions principales sont de collecter, cataloguer, conserver et enrichir le patrimoine national dont elle a la charge. Elle se doit aussi d’assurer l'accès du plus grand nombre aux collections et d’assurer la gestion des bâtiments.
C’est par ailleurs elle qui assure la gestion du dépôt légal institué sous François Ier par l'ordonnance de Montpellier du 28 décembre 1537. Sont ainsi concernés tous les documents imprimés déposés par les éditeurs, imprimeurs ou importateurs ; les estampes et photographies, les monnaies, les documents audiovisuels et multimédia et l'Internet. C’est ainsi que depuis 2011, plus de 70 000 livres imprimés sont déposés chaque année à la BnF, tandis que le nombre de fascicules de périodiques imprimés varie entre 200 000 et 250 000 par année.
La collection de la Bibliothèque nationale de France s’élargit ainsi continuellement, au gré des dépôts mais aussi des acquisitions qui sont soit des achats, soit des legs, soit des échanges.
Assumant une mission de service public, la BnF pratique également le mécénat populaire sous forme de souscription, lorsqu’il s’agit d’acquérir des “trésors nationaux”, à l’image de ce que fait le Louvre.
C’est ainsi qu’en 2014, le manuscrit enluminé de Jean Bourdichon, intitulé Description des douze Césars avec leurs figures a été acquis grâce à une somme de plus de 300 000 euros versée par les souscripteurs.
Le caractère unique de la BnF en fait un bâtiment fort intéressant, que l’on peut voir d’assez loin et qui mérite une petite promenade le long des quais, en remontant le courant de la Seine, depuis l’hôtel Bastille-Lyon.